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Politique

RDC : 9,7 millions de dollars pour des « jetons de présence », l’IGF au cœur d’un scandale financier dans le dossier Sino-Congolais

Une correspondance signée le 2 février 2024 par Jules Alingete Key, alors Inspecteur Général des Finances – Chef de service, désormais retraité à 61 ans, vient jeter une lumière accablante sur une gestion controversée de fonds publics dans le cadre du projet Sino-Congolais. Ce document officiel, adressé à plusieurs autorités dont le Directeur Général de la société Sicomines S.A., ordonne le versement d’un montant de 9.700.000 USD (neuf millions sept cent mille dollars américains) à titre de jetons de présence pour les membres du comité stratégique chargé de la renégociation de la convention du 22 avril 2008.

Une somme astronomique pour une simple présence

Le montant exigé, près de 10 millions de dollars, soulève une vague d’indignation au sein de l’opinion publique et des observateurs avertis. Ce chiffre semble totalement disproportionné pour une mission administrative, censée être un devoir de service public dans l’intérêt du pays. Ce comité n’a, à ce jour, ni produit de rapport public, ni démontré des résultats visibles ayant un impact direct sur la population congolaise.

Comment justifier que des « réunions » autour de la renégociation d’un accord déjà controversé, soient rémunérées à des millions de dollars ? À titre comparatif, ce montant aurait pu financer la construction de plusieurs hôpitaux, réhabiliter des routes en provinces, ou encore garantir une année scolaire gratuite à des milliers d’élèves.

Une surfacturation maquillée en « conformité administrative »

Ce qui scandalise davantage, c’est la démarche de l’Inspection Générale des Finances elle-même, une institution censée lutter contre la corruption. Jules Alingete, qui avait bâti sa réputation sur des enquêtes anti-détournements, s’est retrouvé ici au cœur d’un mécanisme dénoncé aujourd’hui comme une opération de prédation institutionnalisée. En ordonnant le virement de cette somme sur un compte de l’IGF logé à la RAWBANK, Alingete démontre une volonté manifeste de centraliser la gestion de ces fonds dans un circuit opaque.

Plusieurs médias indépendants, comme Africa Intelligence et Congo Hold-up, ont confirmé que cette pratique de surfacturation des jetons de présence n’en est pas à sa première occurrence. Des sources internes révèlent que de telles lignes budgétaires servent souvent à « récompenser » des membres de l’élite politico-administrative sous prétexte de « missions stratégiques ».

Un projet pourtant destiné à la population congolaise

Le projet Sino-Congolais, signé en 2008 entre la RDC et le Groupe d'Entreprises Chinoises (GEC), visait initialement à échanger des ressources minières contre des infrastructures publiques. Ce partenariat devait permettre à la RDC de bénéficier de routes, d’écoles, d’hôpitaux en échange de concessions minières. Or, près de 17 ans après, peu d’infrastructures ont vu le jour, tandis que les ressources minières, elles, ont déjà été massivement exploitées.

Cette nouvelle tentative de « renégociation » aurait dû être une chance de rééquilibrer l’accord en faveur du peuple congolais. Au lieu de cela, elle semble avoir été détournée pour alimenter une nouvelle forme de pillage par le sommet.

Jules Alingete : le redresseur de torts devenu acteur du système ?

Porté comme le visage de la « lutte contre les anti-valeurs », Alingete, aujourd’hui retraité, laisse derrière lui une série de zones d’ombre. Ce dernier épisode vient ternir un mandat marqué par des interpellations sélectives, des rapports inachevés, et désormais un scandale budgétaire sans précédent.
Alors que la Présidence s’emploie à rétablir l’image des institutions, ce dossier pose une question cruciale : qui contrôlera les contrôleurs ?

La Rédaction