La République démocratique du Congo s’engage dans une nouvelle opération de financement d’envergure. Le jeudi 8 mai 2025, le Parlement a donné son feu vert au gouvernement pour contracter un prêt syndiqué de 469 millions de dollars auprès d’un consortium de banques commerciales opérant dans le pays. Cette enveloppe financière vise à rembourser les dettes contractées par l’État auprès des sociétés pétrolières, conséquence directe d’une politique de blocage des prix du carburant.
Depuis plusieurs années, les autorités congolaises maintiennent artificiellement bas les prix à la pompe, afin d’alléger la pression sur les ménages. Une mesure sociale saluée par la population, mais qui a fini par creuser un important déficit dans les comptes publics. En août 2024, les subventions s’élevaient à près de 0,72 à 0,79 dollar par litre de carburant, alors que sans cette intervention de l’État, les prix auraient pu grimper à plus de 2,30 dollars.
Cette stratégie a généré une dette considérable vis-à-vis des distributeurs de produits pétroliers, atteignant 285 millions de dollars à fin 2023, et projetée à 400 millions à la mi-2024. Le nouveau prêt permettra donc de solder une partie de ce passif, tout en assurant la continuité des approvisionnements en carburant.
Ce n’est pas la première fois que Kinshasa a recours au crédit bancaire pour faire face à cette charge. En février 2024, une opération similaire avait mobilisé 123,5 millions de dollars auprès de quatre établissements bancaires locaux. Ces ressources avaient servi à rembourser une partie des subventions accumulées sur les exercices 2022 et 2023.
Pour enrayer cette spirale budgétaire, le ministère des Finances a lancé en 2022 un audit de la structure des prix du secteur pétrolier, confié au cabinet Mazars. Les recommandations issues de cette expertise, publiées en mai 2023, proposent de repenser le système de subventions, de renforcer la transparence des coûts et de poser les bases d’un marché plus autonome.
En parallèle à cette mesure financière, l’Assemblée nationale a également adopté deux projets de loi pour améliorer l’accès à l’eau potable dans les provinces du Nord-Ubangi, Sud-Ubangi et de la Mongala, soulignant un engagement plus large en faveur des services publics essentiels.
Plamedi MUZAMA