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Politique

Joseph KABILA rompt le silence : un discours qui trahit ses combats d’hier ?

Après cinq ans d’un mutisme total, Joseph Kabila est sorti de son silence dans une tribune accordée au journal sud-africain Sunday Times, le dimanche 23 février 2025. Une prise de parole qui, loin de convaincre, a suscité de vives réactions en République démocratique du Congo.

L’ancien président, qui s’était érigé en 2012 en fervent opposant aux groupes armés et à l’ingérence étrangère dans l’Est du pays, adopte aujourd’hui une posture radicalement différente.

Il affirme que la crise sécuritaire actuelle ne peut se résoudre uniquement par une approche militaire et critique la gestion du conflit par le régime en place. Plus encore, il minimise la menace que représente le M23, estimant que ce mouvement rebelle est présenté "à tort" comme un groupe anarchiste manipulé par un État étranger, niant ainsi toute ingérence extérieure.

Or, cette analyse va à l’encontre des faits régulièrement établis par les autorités congolaises, les Nations unies et plusieurs rapports d’organisations internationales, qui pointent du doigt l’appui militaire et logistique du Rwanda au M23. En ne condamnant pas clairement l’agression rwandaise et en relativisant le rôle du M23, Joseph Kabila s’expose à des critiques acerbes.

Une posture qui interroge

Ces déclarations, jugées troublantes, ont provoqué une onde de choc sur la scène politique congolaise. De nombreuses voix dénoncent une incohérence flagrante entre ses propos d’aujourd’hui et ses engagements d’hier. En 2012, alors qu’il était aux commandes du pays, Joseph Kabila dénonçait fermement l’agression rwandaise et appelait la communauté internationale à condamner l’intervention de Kigali dans l’Est du pays. Treize ans plus tard, il semble minimiser ces mêmes ingérences qu’il combattait autrefois.

Ce retournement de position soulève plusieurs interrogations. S’agit-il d’un revirement idéologique sincère ou d’un calcul politique ? Certains analystes estiment que l’ancien président cherche à se repositionner sur l’échiquier politique, face à un régime qui l’a progressivement écarté de la scène publique. Son silence depuis 2019, perçu comme une stratégie d’attente, aurait ainsi été rompu au moment opportun pour fragiliser le pouvoir en place.

Les mots de Kabila, plus forts que son silence ?

Loin de faire l’unanimité, cette prise de parole a suscité une vague d’indignation au sein de la classe politique congolaise. Nombreux sont ceux qui estiment que les mots de Joseph Kabila n’ont pas été plus forts que son silence, contrairement à ce qu’il a toujours prétendu. Son mutisme prolongé avait nourri une forme de mystère autour de sa position sur les affaires du pays. Mais en prenant la parole pour défendre une approche controversée du conflit à l’Est, il a davantage révélé une rupture avec ses engagements passés qu’une volonté réelle d’apporter des solutions.

L’ancienne figure centrale de la RDC a-t-elle définitivement renoncé à son rôle de défenseur de la souveraineté nationale, ou assiste-t-on à une simple manœuvre politique visant à discréditer le régime actuel ? Une chose est sûre : son retour sur la scène médiatique n’a laissé personne indifférent.

Plamedi MUZAMA