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Politique

Les États-Unis misent sur le corridor de Lobito : une manœuvre stratégique à 6 milliards de dollars

En annonçant un investissement de plus de six milliards de dollars pour le développement du corridor de Lobito, les États-Unis affirment leur volonté de s'imposer comme un acteur clé dans le paysage stratégique africain. Ce projet, qui reliera l’Atlantique (via le port de Lobito en Angola) aux gisements miniers de la RDC et de la Zambie, dépasse de loin la simple ambition logistique : il s’agit d’un pivot géoéconomique et diplomatique.

Une infrastructure à haute valeur géostratégique

Le corridor de Lobito est conçu pour fluidifier les exportations de ressources critiques, principalement le cuivre et le cobalt, dont dépendent les technologies de transition énergétique. En soutenant cette infrastructure, Washington cible clairement l’un des nerfs vitaux de l’économie verte mondiale, tout en contournant les routes dominées par d’autres puissances, notamment la Chine.

L’enveloppe annoncée par le Département d’État américain, relayée officiellement le 10 mai sur le réseau X, vient confirmer cette orientation. L’administration Biden entend renforcer sa présence en Afrique à travers l’initiative pour les infrastructures mondiales, lancée avec les autres membres du G7. Le corridor s’inscrit ainsi dans une logique de diversification des chaînes d’approvisionnement, visant à réduire les dépendances stratégiques.

Un message fort pour l’Afrique et ses partenaires

Pour les pays africains concernés — Angola, RDC et Zambie — ce soutien américain constitue bien plus qu’un appui financier. C’est une promesse de repositionnement régional, une chance de valoriser leur potentiel économique tout en modernisant leurs réseaux de transport. En RDC notamment, premier producteur mondial de cobalt, l'amélioration des capacités logistiques pourrait transformer profondément les conditions d'exportation et attirer de nouveaux investissements.

Mais c’est aussi un signal adressé aux puissances concurrentes. Dans un contexte de lutte d’influence sur le continent africain, les États-Unis montrent qu’ils ne comptent plus rester en retrait. À travers ce projet, ils articulent une stratégie claire : renforcer les infrastructures, tisser des partenariats durables et sécuriser les flux de matières premières essentielles à l’économie du futur.

Avec ce geste de poids, Washington ne se contente pas de financer une voie ferrée ou un terminal portuaire. Il construit un corridor diplomatique et économique vers un nouvel ordre géostratégique en Afrique. Le corridor de Lobito devient ainsi le symbole d’une compétition mondiale qui se joue désormais sur les rails du continent africain.

Plamedi MUZAMA