À Lubunga, dans la province de la Tshopo, des acteurs de la société civile dénoncent des cas de monétisation présumée dans le processus d’enregistrement des victimes du conflit intercommunautaire Mbole-Lengola. L'organisation Sauti ya Raiya (La voix du peuple) s’inquiète de la présence d’individus non mandatés qui exigeraient des paiements pour faire inscrire certaines personnes comme victimes.
Selon Prince Héritier Isomela, président de cette structure, l’identification des victimes doit rester une opération gratuite et inclusive. Il alerte sur des pratiques observées notamment dans certains sites de déplacés, où des personnes seraient contraintes de verser de l’argent pour apparaître sur les listes.
La société civile exprime également des préoccupations concernant le périmètre du recensement. Elle estime que l’attention portée exclusivement aux victimes du conflit Mbole-Lengola pourrait laisser de côté d’autres groupes également affectés par des violences dans la province. Sont notamment cités les survivants du conflit Enya-Lengola, de la guerre des Six jours ou encore des affrontements de 2019 à Lubunga.
« La majorité des victimes se trouvent dans des familles d’accueil et pas seulement dans les camps de déplacés », a rappelé Prince Héritier Isomela, soulignant la nécessité d’un recensement exhaustif qui reflète la diversité des parcours de déplacement et d’affectation.
Depuis février 2023, le conflit Mbole-Lengola a causé plus de 500 décès et le déplacement de plus de 100 000 personnes, selon plusieurs sources locales. Une grande partie de ces déplacés vivent actuellement à Kisangani et dans la commune de Lubunga, dans des conditions souvent précaires.
Sauti ya Raiya appelle à une meilleure coordination entre les autorités provinciales, les ministères compétents et les structures mandatées afin de garantir un processus d’identification fiable, transparent et accessible à toutes les personnes concernées.
Plamedi MUZAMA
