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Economie

RDC : Le M23-AFC impose l'enregistrement forcé des entreprises dans les zones occupées, Une économie locale sous pression

Dans une nouvelle escalade de son contrôle sur les territoires occupés dans l’est de la République démocratique du Congo, le groupe armé M23-AFC a annoncé, via une note circulaire signée le 30 avril, l’instauration d’un « Bureau d’Enregistrement et de Développement » (BED). Cette structure, lancée à Goma, vise à encadrer, ou plutôt à soumettre, l’activité économique locale à une administration parallèle.

Derrière le vernis bureaucratique d’un "développement local" et de "transparence", cette initiative impose aux opérateurs économiques, commerçants, chauffeurs de taxi, transporteurs, de s’enregistrer obligatoirement auprès du BED pour obtenir un certificat d’exercice. En cas de refus, ces acteurs risquent de voir leurs activités considérées comme illégales par les autorités rebelles.

Mais pour de nombreux observateurs, cette manœuvre marque une tentative claire du M23-AFC de légitimer son emprise sur les zones qu’il contrôle. Le groupe s’arroge des fonctions étatiques, telles que la délivrance de documents officiels ou la gestion économique territoriale, une entorse flagrante aux lois de la République démocratique du Congo.

Plus encore, cette mesure fait craindre une instrumentalisation de l’économie locale. À l’heure où aucune instance indépendante ne contrôle les ressources générées par cet enregistrement, beaucoup redoutent qu’elles servent à financer l'effort de guerre du M23-AFC plutôt qu'à améliorer les conditions de vie des populations.

Cette pression supplémentaire sur une population déjà fragilisée par les violences, les déplacements et la précarité est perçue comme une nouvelle forme d’exploitation. Pour les petits commerçants, cette "formalisation" imposée s'apparente à une taxe déguisée, perçue sous la menace et sans garantie de services publics en retour.

En définitive, la mise en place du BED ne s’inscrit pas dans une logique de développement économique, mais dans une stratégie politique visant à affirmer l’autorité du M23-AFC face à l’État congolais. Une dynamique préoccupante qui aggrave encore l’instabilité dans une région rongée par les conflits armés et l’impunité.

Plamedi MUZAMA