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Port en eau profonde de Banana : Entre blocages, intérêts cachés et espoirs pour 2026

Le port en eau profonde de Banana, infrastructure stratégique pour l’économie congolaise, a connu de nombreux blocages depuis son lancement en 2022. Si les arrêts de chantier ont d’abord été justifiés par des différends financiers et des problèmes fonciers, des enquêtes récentes révèlent l’influence de lobbies et des intérêts opaques qui auraient retardé sa construction au profit d’autres acteurs du secteur portuaire en RDC.

Dès 2024, les tensions entre le gouvernement congolais et l’opérateur DP World ont ralenti l’avancement des travaux. Une médiation menée par le vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba a permis un compromis financier, facilitant une reprise annoncée pour octobre 2024. Par ailleurs, des litiges fonciers ont pesé sur le projet, avec une expropriation nécessitant une indemnisation de 8,9 millions de dollars pour 142 personnes concernées. La relocalisation de la base navale sur 45 hectares à Kindofula, effective en janvier 2023, a aussi été un facteur de retard.

Mais au-delà de ces aspects techniques et administratifs, l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) pointe du doigt des manœuvres d'affairistes congolais visant à favoriser l’opérateur MCTC, gestionnaire du port de Matadi, aux dépens du port de Banana. En créant des blocages, ces acteurs auraient indirectement renforcé la position du port de Pointe-Noire au Congo-Brazzaville, maintenant ainsi la RDC dans une dépendance portuaire étrangère.

Malgré ces obstacles, le projet bénéficie d’un nouvel élan. En août 2024, British International Investment (BII) a annoncé un investissement de 35 millions de dollars pour financer la première phase des travaux. Une fois achevé, le port disposera d’un quai de 600 mètres et d’un tirant d’eau de 18 mètres, avec une capacité annuelle de 450 000 EVP et un parc de stockage de 30 hectares.

Si les engagements financiers et politiques sont respectés, le port de Banana pourrait entrer en activité d’ici fin 2025 ou début 2026. Toutefois, sa réussite dépendra de la volonté des autorités congolaises et de leurs partenaires à garantir une gestion transparente du projet, afin d’éviter de nouveaux blocages et de transformer enfin cette ambition en réalité économique pour la RDC.

Plamedi MUZAMA