La reprise des activités scolaires à Masisi, dans le territoire du Nord-Kivu, reste timide après les récents combats ayant opposé les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les combattants Wazalendo aux rebelles du M23/AFC. Depuis une semaine, seules quelques écoles ont rouvert partiellement leurs portes, accueillant une minorité d’élèves.
Selon les responsables scolaires locaux, l'insécurité persistante et le traumatisme causé par les affrontements freinent un retour massif en classe. Beaucoup d’enfants, encore marqués par les tirs et explosions, hésitent à reprendre le chemin de l'école.
Dans les salles de classe ouvertes, l'ambiance est lourde. Une enseignante d'une école de la région, qui a répondu à nos questions sous anonymat, décrit une situation préoccupante :
la moitié seulement des élèves habituels sont présents, et plusieurs arrivent affaiblis, parfois sans avoir mangé ni matériel scolaire, leurs biens ayant été pillés ou perdus lors des déplacements de population. Cette précarité affecte également les enseignants, qui peinent à dispenser les cours faute de salaires réguliers. Cette enseignante appelle les autorités à agir rapidement pour leur permettre d’assurer leur mission éducative dans des conditions humaines.
Par ailleurs, la situation reste extrêmement fragile. Un directeur d'école primaire craint que les nouveaux combats signalés vers Nyabiondo n'aggravent encore la baisse des effectifs, déjà inquiétante. Il alerte sur le manque criant de moyens pour assurer le minimum de fonctionnement des établissements scolaires, allant jusqu'à s'endetter pour acheter de simples fournitures comme la craie. Dans un tel contexte, il redoute une fermeture progressive des écoles faute de ressources et d'un soutien d'urgence adapté.
Ces défis s'inscrivent dans un climat général d'instabilité persistante à Masisi, malgré des tentatives de cessez-le-feu conclues récemment à Doha et à Washington. Tant que les violences continueront de secouer la région, une reprise normale des activités scolaires restera un espoir fragile, dépendant d’une amélioration tangible de la sécurité et d’un appui renforcé aux écoles et aux communautés affectées.
Plamedi MUZAMA