Goma, une ville sous tension
La situation sécuritaire dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) demeure gravement préoccupante. Le groupe rebelle M23, soutenu par des éléments des Forces Armées Rwandaises (FAR), a intensifié ses offensives, particulièrement en direction de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu. Dès le 23 janvier 2025, les combats se sont rapprochés des abords de la ville, accentuant une pression déjà palpable.
Le 27 janvier 2025, les rebelles du M23 ont pénétré dans Goma, prenant le contrôle de plusieurs quartiers stratégiques. Cette avancée a entraîné une fermeture des frontières avec le Rwanda, des coupures d’eau et d’électricité, ainsi qu’une évasion massive de détenus de la prison centrale. Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a exhorté le Rwanda à cesser son soutien au M23, tandis que le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné cette atteinte à la souveraineté congolaise.
Cette escalade de la violence a provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes, aggravant une crise humanitaire déjà alarmante. Les autorités congolaises, conscientes des enjeux, ont renforcé la sécurité autour de l’aéroport de Goma, une cible prioritaire des rebelles, et suspendu tous les vols. Par ailleurs, des appels à une cessation immédiate des hostilités, notamment par le président français Emmanuel Macron, se multiplient sur la scène internationale.
Une ville sous pression croissante
Face à cette situation critique, le président Félix Tshisekedi a convoqué une réunion d’urgence du conseil de défense afin d’évaluer les opérations militaires et de mettre en place des stratégies pour protéger l’intégrité territoriale de la RDC.
Cependant, Goma reste sous contrôle des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et des milices alliées dites Wazalendo.
Néanmoins, une forte psychose s’installe au sein de la population, exacerbée par l’avancée des rebelles au nord de la ville. Tandis que certains habitants fuient vers le Rwanda ou Bukavu, la majorité reste terrée chez elle. Le manque de communication officielle ajoute à la confusion, compliquant l’identification des positions respectives des forces en présence.
Une situation qualifiée de "volatile
La situation reste hautement instable. La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayik-Wamba Wagner, a dénoncé une incursion de nouvelles troupes rwandaises, qu’elle a qualifiée de « déclaration de guerre » lors d’une intervention au Conseil de sécurité de l’ONU. Malgré cette escalade, les FARDC, appuyées par les forces Wazalendo, tentent de contenir les assauts rebelles sur plusieurs fronts.
Les infrastructures vitales telles que l’eau, l’électricité et l’accès à Internet sont fréquemment coupées dans certains quartiers de Goma. Les combats, qui se rapprochent dangereusement du centre-ville, aggravent la crise humanitaire. Toutefois, la prise complète de Goma par le M23 reste incertaine : l’intensification des opérations militaires des FARDC, notamment via des bombardements sur les positions rebelles, pourrait freiner leur progression.
Un processus diplomatique au point mort
Sur le plan diplomatique, les négociations piétinent. Une rencontre prévue entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame sous l’égide de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est est jugée peu prometteuse, en raison des tensions persistantes entre les deux pays.
Un avenir incertain
Si les forces rebelles poursuivent leur avancée, leur contrôle total de Goma reste difficile à concrétiser face à une résistance locale et internationale accrue. Cependant, le coût humain des affrontements, combiné à l’instabilité régionale, éloigne encore davantage les perspectives de paix.
En conclusion, la crise actuelle à Goma illustre les défis sécuritaires, politiques et diplomatiques auxquels la RDC fait face. La résolution de cette crise nécessitera une implication soutenue des acteurs régionaux et internationaux pour répondre aux enjeux humanitaires et sécuritaires qui en découlent.
Plamedi Pungwe