La scène politique du Kasaï-Oriental vient de connaître un nouveau tournant décisif. Le gouverneur de cette province, Jean Paul Mbuebue Kapo, a été formellement mis en accusation ce samedi 10 mai 2025 par l'Assemblée provinciale, qui l'accuse de détournement des fonds publics. Cette décision marque une étape cruciale dans une affaire qui met en lumière les tensions persistantes autour de la gestion des finances publiques au niveau provincial.
À l’origine de cette mise en accusation se trouve un rapport de contrôle parlementaire particulièrement accablant. Ce document, fruit d’une enquête sur la gestion du gouverneur depuis son entrée en fonction, pointe du doigt l’usage opaque de trois millions de dollars américains transférés par le gouvernement central et destinés à des investissements. Pour les députés provinciaux, il y aurait eu une affectation douteuse, synonyme de mauvaise gouvernance, voire de malversation.
Sur les 24 députés que compte l’Assemblée provinciale, 14 se sont prononcés en faveur de la recevabilité du rapport, avant de reconduire ce même score lors du vote formel de la mise en accusation. Neuf élus s’y sont opposés tandis qu’un bulletin nul a été enregistré. Ce vote traduit une division palpable au sein de l’hémicycle, mais aussi une volonté majoritaire de rendre des comptes.
Conformément à la législation en vigueur, le gouverneur Mbuebue Kapo dispose de 24 heures pour présenter sa démission. À défaut, il peut contester la décision devant la Cour constitutionnelle. Ce laps de temps court ouvre donc une période d’incertitude sur l’avenir politique de l’homme fort du Kasaï-Oriental.
Cette décision n’intervient pas dans un vide institutionnel. Elle fait suite à une correspondance adressée récemment aux présidents des bureaux des assemblées provinciales par le vice-Premier ministre de l’Intérieur, incitant à une responsabilité accrue dans le contrôle de l'exécutif provincial. Un appel visiblement entendu par les députés du Kasaï-Oriental, qui ont décidé de passer à l’acte, quitte à affronter d’éventuelles conséquences politiques.
Alors que la province attend de connaître la suite judiciaire et institutionnelle de cette affaire, les regards se tournent désormais vers la Cour de cassation, mais aussi vers la Cour constitutionnelle si le gouverneur décide de contester. En toile de fond, c’est la question plus large de la lutte contre la corruption et l’impunité en province qui est relancée.
Plamedi MUZAMA