L’Université de Kinshasa est au cœur d’une vive polémique sociale et politique. En date du 21 avril 2025, l’Administrateur du Budget de l’UNIKIN, le Professeur Dr. Kigotsi Kasereka Jean, a transmis un calendrier officiel de fermeture progressive des marchés situés sur le site universitaire.
Cette décision, bien que justifiée administrativement par un besoin d’assainissement et de réorganisation de l’espace académique, est perçue par une grande frange de la population comme une attaque frontale contre des milliers de citoyens congolais économiquement fragiles.
Le Calendrier qui a mis le feu aux poudres
Le document signé prévoit la fermeture échelonnée de six marchés, à savoir : Amphithéâtre (21 avril), Kinduku (24 avril), Home XXX (28 avril), Cliniques II (2 mai), Trafic & Faculté d’Agronomie (5 mai) et CNPP (8 mai).
L’administration précise toutefois que, pour des raisons humanitaires, le marché Cliniques I restera opérationnel provisoirement afin de permettre aux malades et au personnel des Cliniques Universitaires de s’approvisionner.
Un Chômage Massif En Vue ?
Mais sur le terrain, la réaction est explosive. Une déclaration urgente signée par des jeunes entrepreneurs, vendeurs, veuves, orphelins et étudiants crie à l’injustice et dénonce une mesure antisociale et déconnectée du contexte actuel du pays.
«Le Recteur Jean-Marie Kayembe est en train d’envoyer plus de 10.000 Congolais dans le chômage, la rue et la criminalité, pendant que le pays est agressé à l’Est par le M23. C’est incompréhensible ! », peut-on lire dans le communiqué.
Les manifestants accusent la direction de l’UNIKIN de vouloir remplacer les marchés populaires par des projets commerciaux opaques impliquant des partenaires étrangers, notamment des investisseurs chinois et indiens, au détriment de la population congolaise.
Appel à l'implication du chef de l'état et des institutions nationales
Dans un message virulent adressé en langue nationale, les jeunes militants, se présentant comme les Combattants défenseurs du Chef de l'État sur le site de l’Université, interpellent directement le Président de la République :
Tata Mokonzi, Fatshi Béton, fongola misu ! Bazo teka UNIKIN ! Bato nionso oyo Recteur azali kobengana bazali na ba contrats, ba futaka loyer ! Azali kolongola bango mpo baye na ye batia ba activités na bango. Ezali mabe, ezangi motema ! »
Ils exhortent également la Première Ministre, le Ministre de la Justice, le Ministre de l’Enseignement Supérieur, et les autorités sécuritaires à intervenir de toute urgence pour stopper ce qu’ils qualifient de "décision suicidaire pour la paix sociale".
Une situation à risque
La fermeture de ces marchés ne représente pas seulement une perte économique pour des milliers de familles ; elle constitue un risque de tension sociale majeur sur un site aussi symbolique que l’UNIKIN. Alors que le pays lutte pour maintenir la cohésion nationale, des décisions de cette nature risquent de provoquer un effet boule de neige difficile à contenir.
En attente d’une médiation
Face à l’ampleur de la crise, une médiation urgente semble nécessaire. Les parties prenantes – autorités universitaires, exploitants, représentants du gouvernement – doivent impérativement trouver un terrain d’entente avant que la situation ne dégénère davantage.
L’Université doit rester un temple du savoir, pas un champ de bataille social.
Plamedi MUZAMA