Ce lundi 10 février, la reprise des cours à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, s’est faite de manière partielle, malgré l’appel des autorités. Depuis plus de deux semaines, les écoles et universités sont fermées en raison des affrontements entre l'armée congolaise et les combattants du M23.
Dans plusieurs quartiers de la ville, quelques élèves en uniforme ont été vus sur le chemin de l’école. Les enseignants et responsables d’établissements, aussi bien dans le secteur public que privé, ont répondu à l’appel à la reprise. Toutefois, un climat d’incertitude régnait, certains parents hésitant à envoyer leurs enfants en raison de l’insécurité persistante.
« Les élèves sont venus, mais timidement. Nous avons dû les renvoyer à la maison et leur donner rendez-vous pour le lendemain. Ils étaient à peine une vingtaine, ce qui rendait l'enseignement difficile », explique Masika Kisuba Élodie, institutrice à l’école primaire d’application de l’Institut de Goma (EPAIGO).
Et d'ajouter :
« Cela fait 27 ans que j’exerce ce métier. Avec la gratuité de l’enseignement initiée par le chef de l’État, ma paie provenait principalement de Kinshasa, bien que modeste et difficile à obtenir. Aujourd’hui, avec les changements en cours, nous ignorons totalement comment nous serons payés, en particulier pour les enseignants non-mécanisés », confie-t-elle, exprimant des inquiétudes quant à sa rémunération après que la ville ait passée sous un nouveau contrôle.
Dans les établissements universitaires, le constat est similaire. Des étudiants ont été vus dès le matin dans des institutions telles que l’Université Libre des Pays des Grands Lacs (ULPGL) et l’Université Catholique la Sapientia (UCS), mais les cours n’ont pas repris.
« Nos études sont mises à mal par cette situation. Redémarrer les activités est essentiel pour sauver notre année académique, mais nous avons besoin de garanties en matière de sécurité », affirme un étudiant en médecine de l’Université de Goma.
D’autres voix, cependant, s’opposent à cette reprise en raison du contexte instable.
« Personnellement, je ne suis pas favorable à cette réouverture, mais nous n’avons pas le choix. Les nouveaux dirigeants peuvent se servir de nous comme un outil de propagande et nous mettre en danger si nous ne partageons pas leur vision », craint un étudiant de l’ULPGL.
L’autorité éducative provinciale avait publié, le 7 février, une note demandant aux établissements non affectés par le conflit de rouvrir leurs portes dès le 10 février. Suite à cette annonce, certaines écoles catholiques, dont l’Institut Mwanga, ont incité les parents à envoyer leurs enfants en classe, en maintenant les horaires habituels. Cette décision a été prise après concertation avec les instances nationales de l’éducation.
Le responsable de l’éducation provinciale a insisté sur la nécessité d’un environnement d’apprentissage adéquat, demandant aux chefs d’établissements de collaborer avec les comités de parents pour évaluer les dégâts et organiser les réparations.
Des directives ont été mises en place, interdisant les doubles vacations et imposant le respect strict des horaires officiels. Pour les écoles gravement endommagées, comme l’École du Cinquantenaire, la reprise se fera progressivement en fonction de l’avancement des travaux de réhabilitation.
La Rédaction