Le 30 juin 2025, jour hautement symbolique pour la République Démocratique du Congo, la RTNC, chaîne nationale et média public, a diffusé une vidéo officielle dans laquelle Joseph Kabila, ancien président ayant dirigé le pays pendant 18 ans, a été effacé de la galerie des chefs d’État. Un acte apparemment anodin pour le PPRD, parti politique de l'ancien président Joseph Kabila, mais qui constitue en réalité une falsification grave de la mémoire républicaine. Au-delà de la dimension politique, cette manipulation soulève des questions profondes sur le respect du droit, de l’histoire et des principes démocratiques.
Selon les dispositions de l’Ordonnance-loi n°23/010 du 13 mars 2023, notamment les articles 84, 311 et 325, de la loi sur le numérique ; Toute usurpation ou falsification d’identité par voie numérique constitue un crime sévèrement puni. En effaçant un président constitutionnellement reconnu, la RTNC ne s’est pas seulement rendue complice d’un mensonge institutionnel : elle a aussi commis un acte répréhensible au regard du droit congolais. Cette falsification est une atteinte symbolique à la continuité de l’État, comparable, dans certains pays, à une infraction contre la mémoire institutionnelle.
Via son compte X, Ferdinand KAMBERE, Secrétaire Permanent Adjoint du PPRD s'indigne :
« La situation devient encore plus préoccupante lorsque certains médias publics osent qualifier le retour de Joseph Kabila à Goma de “trahison nationale” ou d’“installation dans une zone rebelle”. Ces accusations infondées, non étayées par une quelconque décision judiciaire, relèvent de la propagande et de la diffamation. Elles violent non seulement l’article 96 du Code du numérique, mais également les droits fondamentaux de tout citoyen, y compris ceux d’un ancien président, garantis par l’article 30 de la Constitution. »
Et d'ajouter :
« En diabolisant Kabila sans procès, le régime tente de lui infliger une "mort civile", pratique indigne d’un État de droit. »
Il sied de rappeler qu'entant que média public, la RTNC a l’obligation de neutralité et d’équilibre, conformément à la loi n°11/001 sur le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC). En instrumentalisant l’information au profit d'un régime politique, elle trahit non seulement sa mission, mais aussi les citoyens congolais qui la financent via le budget national. Une enquête indépendante s’impose, car il ne s’agit plus simplement d’un biais éditorial, mais d’une tentative délibérée de manipulation de la mémoire nationale.
« Effacer un président de la mémoire collective, c’est effacer une partie de la dignité du peuple. Comme le rappelait Lumumba, « sans justice, il n’y a pas de paix, et sans paix il n’y a pas de dignité ». Aucun régime, aussi démocratique qu’il prétende être, ne peut réécrire l’histoire à sa convenance. Le vrai courage d’un État fort réside dans sa capacité à confronter le passé avec lucidité, pas à le gommer. Supprimer Joseph Kabila des archives officielles, c’est insulter la République, la Constitution, et les millions de Congolais qui l’ont portée. Le droit, et non l’arbitraire, doit rester le seul auteur légitime de l’histoire nationale, » s'indigne Ferdinand KAMBERE.
Adolphe-Plamedi MUZAMA