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Diplomatie

DOHA : Tshisekedi et Kagame sous l'œil du Qatar, un sommet aux ambitions incertaines

À Doha, sous le regard attentif de l’émir Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, Félix Tshisekedi et Paul Kagame ont renoué avec la diplomatie. Le décor de cette rencontre trilatérale illustre bien la complexité du conflit à l’Est de la RDC : entre espoirs de paix et rivalités persistantes. En louant les efforts de Luanda et de Nairobi, les protagonistes ont réaffirmé leur engagement pour un cessez-le-feu immédiat, un refrain déjà entendu mais souvent sans suite sur le terrain.

La médiation qatarienne, bien que saluée, pose question. Pourquoi Doha ? Pourquoi maintenant ? Alors que les initiatives africaines piétinent, l’entrée du Qatar dans le jeu diplomatique suggère une tentative de diversification des médiateurs. Mais cette intervention suffira-t-elle à infléchir une crise où les intérêts économiques, géopolitiques et sécuritaires se superposent ? Tshisekedi et Kagame, en apparence conciliants sous l’égide de l’émir, restent les mêmes adversaires dont les discours diffèrent radicalement une fois de retour dans leurs capitales respectives.

Pendant que Doha accueillait ce tête-à-tête présidentiel, à Luanda, un autre rendez-vous avortait. Le report des discussions entre Kinshasa et le M23, officiellement pour "circonstances de force majeure", n’est que le dernier épisode d’un dialogue miné par la méfiance. Luanda peine à imposer son rôle de facilitateur, tandis que le M23 brandit les sanctions européennes comme prétexte à son absence. Ce blocage illustre bien la complexité du dossier : si Kagame et Tshisekedi peuvent se serrer la main devant les caméras, sur le terrain, les armes continuent de parler.

Les promesses de paix font toujours leur chemin dans les salons feutrés des chancelleries, mais le véritable enjeu reste leur application sur le terrain. L'Est de la RDC ne manque pas d'accords signés, de cessez-le-feu proclamés et de médiations entamées. Pourtant, les populations de Goma, Rutshuru et Bunagana ne voient pas d’accalmie. Tant que les protagonistes de la crise n’afficheront pas une volonté politique réelle et que leurs soutiens extérieurs ne seront pas mis face à leurs responsabilités, la paix restera un mirage diplomatique.

À Doha, Tshisekedi et Kagame ont peut-être marqué une pause dans leur antagonisme. Mais une chose est sûre : ce n’est pas une poignée de main sous l’œil bienveillant du Qatar qui éteindra l’incendie à l’Est de la RDC.

Plamedi MUZAMA